Abolir les mythes,

La photographie française (1970-2000)
dans les collections du
Centre national des arts plastiques
18 06 …18 09 2011

Avec cette exposition, le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône scelle avec le Centre national des arts plastiques un partenariat de mise en dépôt de 92 œuvres de sa collection. Ce dépôt d’une durée de 5 ans, alimentera de futures expositions temporaires et fera également l'objet de présentations constantes dans le circuit de visite du musée.

Dès cet été, le musée s’interrogera sur la création photographique française des années 1970 à 2000, avec des oeuvres de Jean-Marc Bustamante, Sophie Calle, Patrick Faigenbaum, Jean-Louis Garnell, Jean Le Gac, Joachim Mogarra, Jean-Luc Moulène, Marc Pataut, Sophie Ristelhueber, Eric Rondepierre et Patrick Tosani. L'exposition évoquera cette période où la photographie est enfin pleinement considérée comme un outil de production d'images artistiques. Une période où le photographe, à travers le médium photographique, questionne sa relation avec le réel, avec les modes narratifs, et tente d’exploiter les qualités plastiques et techniques de la photographie.

A la fin des années 60, du siècle dernier, une génération de jeunes photographes français s’interrogent. Quoique sensibles aux transformations politiques et artistiques, ils regardent, inquiets, la photographie de leurs pères. Quoiqu’ils aient vu, plus rien ne les satisfait. Ils ne veulent plus du mythe photo-journalistique (Magnum, H. Cartier-Bresson), et encore moins des beaux tirages en noir et blanc, au format 30/40.
Mais ce n’est pas non plus à la peinture qu’ils songent, en bousculant les héritages "humanistes" (Doisneau, Izis) ou néo-pictorialistes (Sudre…). Nourris d’aventures intellectuelles diverses, se référant aux New Topographics, aux courants allemands, ils s’attachent, pensifs, hargneux et précis, à redéfinir cet objet toujours impensé : la photographie.

Comme des oiseaux de proie, ils regardent de haut cette chose malade et incertaine, dont ils vont se partager la dépouille. Pas un morceau de ce cadavre ne va leur échapper. Ils en dénoncent sa mystique ; du beau en paysage, de la vérité de l’indice, de la permanence de la trace, etc… Tout ce fatras qu’ils bousculent au profit du non-lieu, de la réévaluation de « l’insignifiant », des contradictions du monde, par une sévère remise en cause de la place de la photographie dans l’univers des représentations.
Parmi tous ces experts en photographie, ils s’en trouvent certains plus engagés dans la représentation politique de l’image mécanique, alors que d’autres s’échinent, encore et encore, à décortiquer sa nature. Mais tous s’attachent à renouveler par le recours systématique à l’expérimentation les formes d’un récit, le rendant, enfin, en phase avec le monde réel.
Voilà la scène française qui s’ouvre dans les années soixante-dix ; voilà le lieu où a émergé une puissance créative trop longtemps sous-estimée.

Commissariat de l’exposition :
François Cheval, Conservateur en chef du musée Nicéphore Niépce et Pascal Beausse, Responsable des collections photographiques du Centre national des arts plastiques.