Un site internet, même incomplet, a un but. Parfois inavoué. Ceux qui l’on fait, ses rédacteurs, ses concepteurs, son graphiste l’ont conçu par désir et par ambition. Ils savent, incertains, ce qu’ils ne veulent plus.
C’est au nom de Nicéphore Niépce qu’ils refusent l’enfermement dans la technique et dans les Beaux-Arts. La Photographie vaut mieux que des explications uniques et fausses. Depuis 1816, elle défriche sans arrêts de nouveaux territoires, elle se révèle l’objet parfait de toutes les conceptions de l’homme moderne, de son imaginaire, de ses illusions et de ses obsessions. Tellement vivante et contradictoire, on ne peut la réduire à l’intention du photographe, à l’histoire de l’appareil photo, au sujet et à sa destination. La photographie se déplace au gré des circonstances entre ces quatre points cardinaux, en restant la même.
Que ceux qui pensent alors trouver une liste d’auteurs, avec leurs cortèges de louanges, une énumération de brevets et d’appareils, avec leurs litanies de notices techniques, passent leur chemin. Notre site se dérobe à l’explication causale. Par contre, cet objet ne s’interrompant jamais, parce qu’il nous subjugue, nous le regardons vigilants. Nous devons le regarder sans fascination avec la distance que la surabondance convoque ; pour ne pas céder au désespoir. Car la tâche est immense. L’histoire de la photographie débute et balbutie. Pour ne pas subir la loi des musées d’art et la fascination du marché pour les auteurs, il a bien fallu se battre pour imposer nos albums de familles, nos livres en héliographie, nos magazines… Il a fallu argumenter pour imposer le dépouillement et l’analyse des négatifs et des planches-contacts contre le seul tirage positif, appelé "vintage"…
Ce site ne détermine rien. Car c’est au musée même, en face des objets, que l’interrogation devient certitude. Mais ces quelques pages, cet ouvrage collectif, affirme le changement de perspective.
François Cheval