Le Chic français
10.02 ... 20.05.2018

 

L’exposition « Le Chic Français » porte un regard rétrospectif sur l’histoire de la photographie de mode au début du 20ème siècle en France à travers près de 300 œuvres issues des collections du musée Nicéphore Niépce.
Déployés sur deux salles d’exposition temporaire du musée, photographies et magazines d’époque mettent en perspective et illustrent une histoire intimement liée à celle de l’évolution de la place des femmes dans la société.

Les débuts de la photographie de mode sont timides et peu audacieux. De nombreux magazines diffusent la mode au début du 20ème siècle mais le dessin y occupe une place prépondérante. Si dans les médias, la place de la photographie de mode connait un essor similaire à celui de la photographie en général, jusque dans les années 1920 les contraintes liées
 aux techniques d’impression ne favorisent pas son utilisation. Les photographes travaillent en studio, les modèles restent statiques et les mises en pages sont rigides et peu inventives. Cette manière de mettre en scène la mode et le vêtement est évidemment à mettre en correspondance avec le statut de la femme dans la société.

Dans les années 1920 - 1930, une « Nouvelle Vision » s’impose. Des photographes comme Jean Moral, Maurice Tabard, André Steiner, pratiquent une photographie résolument moderne et différente.

Pendant l’entre-deux guerres, la photographie et les magazines accompagnent et soutiennent l’émancipation des femmes. Les photographes multiplient les expérimentations formelles, inventent des angles de prises de vue spectaculaires, proposent des cadrages audacieux et des sujets modernes ; ils offrent une nouvelle image de la femme, une « vision » enfin libérée.

Véritables touche-à-tout, ces photographes, recrutés par le monde de la mode, mettent leur savoir-faire éprouvé au service des magazines et contribuent à diffuser l’image d’une féminité moderne, chic, dynamique et urbaine. Les séances enfin libérées des studios, et réalisées dans les rues de Paris, participent pleinement à la reconnaissance de la ville comme capitale de la mode.

L’exposition présente, entre autres, les travaux des photographes :
Henri Manuel,
Paul de Singly,
Charles Lhermitte,
Edward Steichen,
Pierre Boucher,
André Steiner,
Horst P. Horst,
Maurice Tabard,
Francois Kollar,
Laure Albin Guillot,
Germaine Krull,
Daniel Masclet,
Man Ray,
Roger Schall,
Jean Moral,

Ou des journaux et magazines comme :
Art Vivant,
Comœdia illustré,
Harper’s Bazaar,
La Mode illustrée,
Jardins des Modes,
Vogue,
Vu,
Paris Match,
Diversion,
Paris Magazine,

Cette exposition produite avec l’aide de la Ville d’Evian et a été présentée du 28 octobre au 21 janvier 2018 au Palais Lumière.

Le commissariat de cette exposition est assuré par : Sylvain Besson, musée Nicéphore Niépce.

Scénographie : Sylvain Besson, musée Nicéphore Niépce et Michel Lepetitdidier

Le dessin pour représenter la mode, les débuts de la presse féminine


A la fin du XIXe siècle, s’adressant à des lectorats divers, la presse hebdomadaire féminine offre à voir les nouveautés de la mode avec force descriptions et gravures. Les magazines sont imprimés en grand format et privilégient la narration pour décrire les modèles, les illustrations, gravées, étant particulièrement détaillées. Ces magazines permettent de se tenir au courant de l’actualité et fournissent aux couturières les éléments indispensables pour reproduire les modèles présentés. Alors que plusieurs studios semblent vouloir se spécialiser dans la photographie de mode, les coûts d’impression limitent l’utilisation de la photographie dans la presse. Le dessin et sa reproduction par la gravure restent privilégiés.

La Gazette du Bon Ton


Sous l’influence esthétique des Ballets Russes, de l’Art Déco naissant et du couturier Paul Poiret, Lucien Vogel lance en 1912 une nouvelle revue, la Gazette  du Bon Ton , qui va transformer durablement la presse de mode. Il s’entoure des meilleurs talents artistiques de son époque pour créer une revue résolument différente. La Gazette  du Bon Ton est une revue de petit format, luxueuse, dédiée à une clientèle aisée, mise à disposition dans les salons des grands couturiers.

Les premiers studios, quand la photographie remplace le dessin


Dans les premières décennies du XXe siècle, peu à peu la photographie prend une place significative, notamment dans la presse non spécialisée : L’Art vivant et autres revues théâtrales assurent la promotion des toilettes à la mode, par le biais de la photographie, avec une démarche quasi journalistique (studio Séeberger et Manuel). Des photographes « artistiques » tel le baron de Meyer proposent, influencés par les pictorialistes, une nouvelle approche de la photographie de mode. Désormais, dans les magazines féminins, dessin et photographie cohabitent.

Photographie de mode et inspirations pictorialistes


À la fin du XIXe siècle, la photographie de mode va s’inspirer largement des techniques du « Pictorialisme ». Ce mouvement photographique n’a qu’une obsession, faire de la photographie un objet constitutif des beaux-arts. Ces techniques appliquées à la photographie de mode ne convoitent pas le naturel mais, au contraire, accentuent la théâtralité de la scène. Ce que veulent les photographes de mode est la constitution d’une atmosphère intime et néanmoins mondaine.

Le Jardin des Modes


Le Jardin des Modes se veut un « magazine de luxe réellement pratique ». À ce titre, que ce soit les dessins ou les photographies, les illustrations sont destinées à faciliter la tâche des couturières. Les principaux photographes du Jardin des Modes sont Maurice Tabard, Georges Saad et Horst P. Horst. Les illustrateurs sont Georges Lepape ou Paul Iribe.

 

VU


VU s’impose dès sa création par Lucien Vogel comme le premier véritable magazine d’actualité illustré par la photographie. La complémentarité texte image prend tout son sens et la photographie n’est plus là seulement pour illustrer. C’est dans VU que s’invente le photoreportage. Les facilités nouvelles de mise en page assureront un confort de lecture plus moderne.

 

La presse illustrée de mode et l’avant-garde, l’exemple de Jean Moral


Le début de la carrière photographique de Jean Moral est intimement lié à sa relation avec Juliette Bastide. Il la photographie au gré de leurs pérégrinations amoureuses, toujours en extérieur. Juliette, heureuse, souriante, se prête bien volontiers au jeu. Ce sont ces dizaines de clichés que l’on retrouve publiés et exposés et qui vont faire la célébrité de Jean Moral au début des années 1930. En 1933 s’engage une collaboration fructueuse avec Harper’s Bazaar . Seul photographe français exclusif pour le célèbre magazine, Jean Moral a un style qui correspond à la nouvelle ligne graphique et éditoriale du nouveau Harper’s Bazaar : prises de vue hors du studio, angles de vue audacieux et instantanéité. Jean Moral use de tous les outils à sa disposition pour donner à voir la femme des années 1930, une femme moderne, chic, urbaine, dynamique et évidemment parisienne.