AZIMUT
Une marche photographique du collectif Tendance Floue
prolongée jusqu'au 19.09.2021

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Inauguration : vendredi 23 octobre à 19h

AZIMUT
[de l’arabe (as-)simt, le chemin ],
mars – octobre 2017
Une marche photographique
en France
 
Un vent de liberté souffle sur la photographie française. Las du carcan des commandes, avides de retrouver l’idée d’indépendance à l’origine du collectif Tendance Floue, ses membres décident de prendre la route. Cheminer, battre la campagne, vagabonder dans les villes sans parcours préétabli : nulle autre contrainte que d’avancer un peu chaque jour, transmettre ses impressions par l’image et les mots, puis passer le relais. Plus qu’une parenthèse, c’est une fenêtre ouverte que s’offrent là les photographes.

Tendance Floue a alors un peu plus de 25 ans. À hauteur d’homme, un quart de siècle. Un âge charnière où convergent maturité et liberté. Tout est possible : s’émanciper et parcourir le monde, définir et s’approprier un territoire, seul ou avec des amis. Alors, les membres du collectif convient d’autres photographes à partager l’expérience de la route avec eux. Avec Azimut, le collectif et la liberté prennent tout leur sens. L’un devient l’écho de l’autre.

La situation créée est totalement inédite : une marche relais de six mois, à laquelle prendront part quinze membres du groupe ainsi que seize photographes invités.

Aller sans but est le trait commun de l’aventure. Si le chemin est accessoire et la destination sans importance, restituer l’Azimut est la règle acceptée par tous. Un carnet Moleskine recueillant les notes est transmis de la main à la main comme un bâton de relais et constitue un fil rouge entre les photographes.

Être en marche ici c’est savoir s’arrêter pour écrire, commenter, exprimer ses angoisses, partager ses rencontres et parfois consigner ses rêves. Le chemin se raconte en photographies et en mots. Les réseaux sociaux sont les témoins quotidiens de leur avancée : chaque jour une photographie est publiée sur un fil Instagram et commentée par son auteur. Des cahiers auto publiés, quasi en temps réel, participent au partage et ancrent le projet dans sa temporalité.

Quand tant semble avoir été dit sur le paysage français en photographie, de la Mission héliographique [dès 1851] à France Territoire Liquide [2017] en passant par la DATAR [1984], et sans attendre la prochaine campagne du genre, Tendance Floue réinvente la méthode et sort des sentiers battus. Libre à chacun de trouver son chemin, au propre comme au figuré. Ou, pourquoi pas, se perdre et se rejoindre pour tracer peu à peu une cartographie instinctive des paysages traversés. Azimut est un regard libre sur le territoire au sens concret du terme, et une exploration d’autant de territoires intimes. Un sillon collectif où s’exprime chaque individualité.

Avec :

Bertrand Meunier,
Grégoire Eloy,
Gilles Coulon,
Meyer,
Antoine Bruy,
Marion Poussier,
Denis Bourges,
Pascal Aimar,
Alain Willaume,
Patrick Tourneboeuf,
Flore-Aël Surun,
Mat Jacob,
Kourtney Roy,
Pascal Dolémieux,
Michel Bousquet,
Julien Magre,
Stéphane Lavoué,
Léa Habourdin,
Frédéric Stucin,
Marine Lanier,
Clémentine Schneidermann,
Mouna Saboni,
Guillaume Chauvin,
Yann Merlin,
Gabrielle Duplantier,
Olivier Culmann,
Laure Flammarion
et Nour Sabbagh,
Bertrand Desprez,
Julien Mignot,
Thierry Ardouin,
Yohanne Lamoulère

Commissariat :
Anne-Céline Borey, Sylvain Besson, musée Nicéphore Niépce

Tous les tirages de l’exposition ont été réalisés par le laboratoire du musée Nicéphore Niépce sur papiers Canson Imaging, Photo Mat Paper 180 g et Infinity, Rag Photographique 310 g.

Le musée tient à remercier :
Canson, la société des Amis du musée Nicéphore Niépce, Manon Lenoir, éditions Textuel, tous les membres du collectif Tendance Floue et leurs invités, particulièrement Clémentine Semeria, Grégoire Eloy, Bertrand Meunier, et Fred Boucher.

Exposition en partenariat avec Diaphane, dans le cadre des Photaumnales 2020 .
Du 19 septembre 2020 au 8 novembre 2020, Espace Séraphine Louis, 11 rue du donjon, Clermont (60).

Édition :
Azimut
Éditions Textuel
ISBN : 978-2-84597-821-8
17 x 23 cm
broché
288 pages
35 €

Bertrand Meunier
 
Je suis allé en bord de Seine observer les retraités et leurs chiens. J’ai pensé aux “Feux de l’amour”, à ma mère que je n’ai pas vue depuis cet été, à plein de petites choses de la vie,la mienne, la vôtre, le monde. C’était bien. Tout était calme. Les péniches sont silencieuses.

Grégoire Eloy
 
Sur une longue ligne droite sans fin, j’ai lu en marchant. La ligne droite ça flingue le mental de n’importe quel sportif d’endurance. Il suffit de regarder devant le point de fuite pour que vos jambes se dérobent et que l’envie d’abandonner là tout de suite vous envahisse.

Antoine Bruy
 
Je fais une photo du couple, en compagnie de la peau d’ours. Elle est nulle. Je vais me coucher, les jambes endolories.

Meyer

J’arrive comme la pluie à Vézelay, liquide et dispersé, un pèlerin fantôme. On se laisse aller sur une dernière errance dans le cours du village. Le voyage est terminé. Je vais retrouver Antoine. Il va s’engager à son tour sur la route maintenant. Je pense aux amis de Tendance Floue, aux autres, à ceux qui ont le goût de l’urgence et du futile. Elle ne dit rien. Je ne dis rien. Nous partageons l’inexprimable. Elle s’en va. Dans quelques heures bouleversées, je suis à Paris.

Alain Willaume
 
Le soleil décline. Je dresse mon campement au bord d’un étang et reste longtemps allongé à dérouler mon dos, déplier mes épaules, repousser la douleur. Je découvre le murmure des poissons, loin, loin. Dans la tombée de l’ombre, j’entrevois à peine le chien des Baskerville par la fente de la tente [...] je suis ici, je reconnais et je comprends, je partage ce qu’on me dit. Et tout est neuf.

Mat Jacob
 
GRÈVE ! INSURRECTION ! — Communiqué zéro 31.05.2017 – 10:44
 
LA LUTTE DES OUPAS EST NÉE SUR LE PLATEAU DE MILLEVACHES, HAUT LIEU DE LA PENSÉE RADICALE ET DE TOUTES LES RÉSISTANCES. DEPUIS NOTRE REFUGE, DOMINANT UNE COLLINE CLANDESTINE À LA VUE IMPRENABLE, NOUS NOUS ADRESSERONS DORÉNAVANT À LA COMMUNAUTÉ DES AZIMUTÉS PAR VOIE DE COMMUNIQUÉS AFIN D’APPELER À LA GRÈVE ET À L’INSURRECTION. NOUS, JOSÉ CHIDLOVSKY ET MAT JACOB, ACTONS L’ARRÊT IMMÉDIAT DE LA MARCHE AZIMUT. IMMOBILES, NOUS NE MARCHONS PLUS POUR MIEUX NOUS DÉPLACER. OU PAS. LE OUPAS, C’EST LA LIBERTÉ ABSOLUE, C’EST L’INVERSION DE L’ÉVIDENCE. LES OUPAS, C’EST NOUS.

Stéphane Lavoué

Cette campagne se meurt, convulse en crachant sa haine de l’autre, de l’étranger. Ces gens se sentent abandonnés. Leur colère se trompe de cible.

Léa Habourdin
 
C’est grisant d’avancer. On serait tenté d’aller loin, d’aller vite, on commence à compter les kilomètres, à se congratuler. Mais j’ai lesté mon sac de pierres et cet éloge de la pesanteur empêche toute velléité kilométrique, je n’irai pas loin, je n’irai pas vite.

Fred Stucin
 
Marre du vert, de la caillasse et des randonneurs. C’est décidé, je me tire en ville. Du bitume, des immeubles, des bars. Heureusement pour moi, un mec a peint des cailloux en vert, genre le Basquiat des Cévennes. C’est moche et il l’a fait jusqu’au village. M’enfin ça m’a permis d’arriver chez ma logeuse. Putain d’Azimut.

Clémentine Schneidermann
 
La mer est encore loin. Nous sommes épuisées. Étape pour la nuit au camping L’Évasion. Je retrouve ma tente, froissée et sale, que je n’ai pas ouverte depuis mon voyage au Groenland, il y a quelques semaines. Le camping est convivial. Les gens nous saluent. Nous sommes repérées. La nuit tombée, je photographie un groupe de pré-adolescents qui traîne à côté du billard. « Madame vous travaillez pour quel journal ? », me lance un garçon. Je lui demande quel journal il connaît. « PMU », dit-il.

Guillaume Chauvin
 
Puis je grimpe encore. Un oiseau me frôle, aussi bruyant qu’un cerf-volant. Je traverse parfois le maquis à quatre pattes, en marmonnant Azimut. Au même moment Anastasia m’apprend par SMS que Victor commence à marcher. Devant mes yeux le temps danse, flou.

Julien Mignot
 
Car, je le disais, la marche, finalement n’est pas très propice à la photographie. À la mienne en tout cas. Elle est trop métronomique, le paysage se cite en permanence.