La Fnac, Une collection pour l’exemple
21 06 … 21 09 2014
exposition prolongée jusqu'au 29 09 2014

 

En faisant de l’exposition photographique dans ses boutiques le relai privilégié de sa vente d’appareils photo, la Fnac a constitué une collection exceptionnelle comptant près de mille huit cents tirages où se côtoient Robert Doisneau, Edouard Boubat, Malick Sidibé, Antoine D’Agata ou Martin Parr. Diffusé dans toute la France en un temps où la photographie s’exposait encore rarement dans les musées, ce fonds a permis de sensibiliser le grand public à l’expression photographique.
Le musée Nicéphore Niépce l’accueille en dépôt pour plusieurs années et propose aujourd’hui une première exposition constituée d’une sélection de plus de cinquante images.

Dès sa création en 1956, la Fnac apporte une grande importance à la photographie : vente d’appareils, organisation de concours photo destinés à la clientèle, mise en place des galeries photos dès 1969... La circulation d’expositions itinérantes, l’organisation de rencontres avec les photographes, l’édition, vont imposer l’enseigne commerciale comme un acteur majeur de la photographie.  Cette politique se poursuit dès 1978 avec la constitution d’une véritable collection institutionnelle. En soutenant la photographie,  la Fnac prend l’initiative de montrer au public une forme artistique encore peu exposée, peu légitimée.
La collection couvre de nombreux champs de la photographie. La plupart des courants majeurs y sont représentés : photographie de guerre, avant-garde des années 1930, photographie de mode… Passage obligé, la poésie du Paris d’après-guerre s’exprime par la présence rassurante des humanistes français dont les figures tutélaires sont Robert Doisneau, Willy Ronis, Edouard Boubat. 
La présence de nombreux photoreporters témoigne également la volonté de la Fnac de faire écho à l’actualité passée et contemporaine : l’apartheid vu par Abbas, la révolution sandiniste couverte par Susan Meiselas, les portraits du Che par René Burri, les manifestations contre la guerre de Vietnam sous l’œil de Benedict Fernandez ...
Le monde s’ouvre aux yeux d’un public encore peu habitué à voir la photographie s’exposer. Les errances d’Antoine d’Agata aux frontières du Mexique côtoient les fêtes joyeuses de Malick Sidibé à Bamako.

Première enseigne de vente de produits culturels, la Fnac ne pouvait enfin que s’intéresser aux images liées à la musique, au cinéma ou à la littérature : Marilyn par Douglas Kirkland, Ingrid Bergman par David Seymour, Anita Ekberg sur le tournage de La Dolce Vita ,  le jeune Truman Capote immortalisé par Henri Cartier-Bresson, William S. Burrroughs vu par le photographe de l’underground new-yorkais Gérard Malanga… Avec ces portraits d’acteurs mythiques, d’écrivains de légende présentés dans chacune des galeries, la Fnac envoie au public un message pour ainsi dire subliminal et le renvoie à ses rayons bien achalandés. Cette politique désintéressée d’expositions ouvertes à tous a des vertus incitatives, à n’en pas douter. Mais son principal mérite reste d’éduquer le regard du plus grand nombre, d’un public qui ne franchit pas toujours les portes du musée.

Déposée au musée Nicéphore Niépce, cette collection compte près de mille huit cent images reflétant une discipline artistique dans toute sa diversité. L’exposition en propose une première lecture axée sur quelques icônes de la photographie depuis les années 1950.