Wonderland,
Collections photographiques du
Centre national des arts plastiques

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Le musée Nicéphore Niépce dédie cette année encore une exposition aux œuvres issues du Centre national des arts plastiques (Cnap).
Résultat d’un partenariat entre les deux institutions, ce nouvel accrochage présentera une sélection d’œuvres de Pierre Faure, Bruno Serralongue, Philippe Durand, Luc Delahaye, Claire Chevrier, Cécile Hartmann et Guillaume Janot.

La photographie se doit d’être toujours contextualisée. Dans les années 1990-2000, les artistes, s’ils explorent encore les potentialités plastiques de ce médium à l’aune de leurs prédécesseurs, s’attachent davantage à représenter le monde et l’actualité.
Les photographes présentés dans cette salle, devenus adultes dans les années 80, assistent à une évolution sociétale accélérée : changements politiques, révolution à l’Est, ultralibéralisme à l’Ouest, dislocation du corps social, multiplication des conflits dans le monde …tout concourt au sentiment d’insécurité et à la prise de conscience du danger engendré par le développement technologique et industriel de nos sociétés.
La photographie constate autant qu’elle informe, prenant diverses voies pour y parvenir, du regard froid à l’esthétisation volontaire. Elle dresse le portrait d’une société, « un monde merveilleux », avec son lot de solitude, de violence et de banalités.

Pierre Faure (born in 1965)
Théâtre du fantastique
2001
FNAC n° 01-880 à 01-882
La série Théâtre du fantastique  se situe parmi les premiers travaux photographiques de Pierre Faure. La ville y est présentée comme le cadre de situations, de gestes, de relations entre les individus. En captant des postures banales, des actions quotidiennes, des contacts humains, sans leur donner plus d’importance qu’à leur environnement, Pierre Faure invite à regarder ce qu’on ne voit plus, assaillis que nous sommes par le grand bazar du monde.

Bruno Serralongue (né en 1968)
Risk Assessment Services
2002
FNAC n° 02-923 à 02-927
La particularité du travail de Bruno Serralongue réside dans l’interrogation constante de l’objectivité de l’image, depuis sa production jusqu’à sa diffusion.
Il photographie – pour son propre compte - l’actualité, les événements portés à sa connaissance par voie de presse. Mais il se défie des méthodes du reporter professionnel. Bruno Serralongue s’attache à montrer les coulisses, tous les à-côtés qui n’intéresseraient pas ce dernier.
Pour la série Risk Assessment Services , le photographe a infiltré un stage de formation « Environnement hostile et premiers secours », destiné aux journalistes amenés à travailler dans des pays en guerre et dans des zones dangereuses. Les milliers de journalistes ainsi formés voient leurs réactions sur le terrain dictées, uniformisées, au dépend probable de l’information.

Philippe Durand (né en 1963)
Still Life Armed Response
1998
FNAC n° 99050
Par petites touches, Philippe Durand glane les signes fugaces qui font l’identité d’un lieu.
A Los Angeles, son regard est happé par les panneaux des sociétés de surveillance privées, plantés en évidence dans le jardin des résidences. Ces mises en garde affichées traduisent l’ultra privatisation de l’espace dans la ville californienne. Elle signifie toute la violence d’une société individualiste et sécuritaire. S’il porte un regard critique sur cette réalité, Philippe Durand ne peut s’empêcher de l’embellir : la séduction de la 3D, l’environnement verdoyant et les buissons en fleurs semblent vouloir gommer le caractère péremptoire des panneaux.

Luc Delahaye (né en 1962)
Northern Alliance Fighters
2006
FNAC n° 06-258
Issu du photojournalisme, Luc Delahaye s’est distingué dans la couverture des grands conflits mondiaux. Si son travail est avant tout celui d’un reporter, il use des potentialités formelles du médium photographique afin de créer des images dévoilant l’aspect spectaculaire du quotidien. Son approche privilégie une proximité à l’évènement souvent périlleuse, doublée d’une distanciation émotionnelle. Pour autant, Luc Delahaye revendique la dimension esthétisante de ses photographies, tel ce vaste paysage d’où émergent les soldats de l’Alliance du Nord dans leur offensive contre les Talibans dans la région de Kunduz en Afghanistan, le 22 novembre 2001. Par son seul format, l’œuvre oscille entre le témoignage brut et l’image sophistiquée digne d’une peinture d’histoire.

Claire Chevrier (née en 1963)
Leeds
1995
FNAC n° 96-604
Images sans apprêt d’une réalité urbaine abrupte, les paysages de Claire Chevrier sont conçus comme des lieux de sédimentation où se superposent les strates historiques. Ici une centrale nucléaire aux allures de château fort est venue se greffer à une maison bourgeoise de Leeds au nord de l’Angleterre. Les différents plans semblent s’imbriquer, les bâtiments se confondre derrière quelques arbres dénudés qui participent à la morosité ambiante. L’homme semble absent, il est pourtant bien question de lui, du monde qu’il s’est construit et qu’il subit désormais.

Cécile Hartmann (née en 1971)
Inhabitant, Businessman, 2005
Inhabitant : Homeless, 2004
FNAC n° 08-699
FNAC n° 05-593
A travers la vidéo ou comme ici à travers la photographie, Cécile Hartmann tente de décrypter la vie dans l’ère hypermoderne qui est la nôtre. Elle s’attache à l’individu au sein d’une société de plus en plus fragmentée et en perpétuelle accélération. Dans la série Inhabitant , elle saisit les individus isolément dans un moment suspendu, un instant d’abandon où ces derniers semblent justement ne plus « habiter » ce monde.

Guillaume Janot (né en 1966)
Sans titre (Manifestant)
2001
FNAC n° 02-989
Sans titre (La fleur / L’homme au parapluie)
2006
FNAC n° 07-232 et 07-233
Sans titre (La Chinoise)
2000
FNAC n° 02-990
Des photographies de Guillaume Janot émanent un calme et un silence trompeurs. La beauté lisse des tirages camoufle la trivialité de la chose représentée, ancrée dans la réalité urbaine contemporaine. Il exploite le pouvoir esthétisant de la photographie. Le « miracle » nait du choix de l’échelle, du cadrage serré, du flou presque poétique de l’arrière-plan. Cette photographie contient l’inquiétude comme l’un de ses modes. Il est difficile dans ces temps de fabriquer une image « plaisante » ou « émouvante » sans perturber à quelque degré. Le théâtre photographique est le lieu privilégié des passions contenues ; il est l’espace où s’affrontent le monde réel, la nature ou la ville et les passions.